Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Epitaphe
Epitaphe
Publicité
10 mai 2008

Ca débutera un samedi après-midi

theatre

Un samedi c'est vaste. Mais c'est comme ça. J'en ai assez de ne pas savoir par où commencer alors ça commencera par là. Ca fait bien longtemps que je n'ai pas écrit. Depuis l'année qui a suivi ta mort quasiment. J'ai coupé mon téléphone, je ne suis plus disponible sur msn, je suis seule chez moi et comme ça au moins, je m'imagine que c'est un choix. J'imagine que sinon des gens auraient appelé, les amis, ou mon père, ma famille. Je sais que c'est faux mais c'est un moyen comme un autre de contourner sa souffrance.
Finalement ça revient au même que les personnes qui ne vont plus du tout vers les autres : ça évite d'attendre quoique ce soit d'autrui. Aujourd'hui j'ai pas envie d'attendre. Ce soir, ou demain, je sais que j'arrêterai.
Je ne tiens jamais.
Je ne supporte pas la solitude, je ne peux pas, c'est physique, comme un carcan qui se referme sur ma gorge et mon cerveau, le sang n'irrigue plus, je sais que je ne suis plus raisonnable, seuls mes sens m' habitent et cette sensation d'agonie, de désespoir. Faudrait que tout s'arrête, que j'arrive à dormir, que je me cogne la tête contre un mur une bonne fois, qu'il se passe quelque chose bordel. Mais rien. Rien ne se passe et tu peux pleurer dans ta pisse rien ne se passera. Tu peux crier aussi, ah ça oui. Tu peux te mordre, ou taper un peu, sans trop oser même si dans le fond t'en meures d'envie. Rien.
Tu continues et ça t'épuise et tu pleures des litres et tu te morves dessus et t'évites les miroirs : faut pas te regarder... faut pas. Dis toi que c'est pas toi.
Alors je me dis que je fais semblant, je fais mon théatre. Comme tu disais maman. Mon cinéma... alors je me dis tiens j'ai encore fait mon cinéma. Pourquoi maintenant que je me suis calmée en apparence j'ai toujours cette violence en moi ? Pourquoi ça change pas pourquoi je ne peux pas la contrôler pourquoi ...
Toutes façon t'as échoué. Et puis tu es trop faible, trop sensible.
"comme ta mère".
Tu fais les mêmes choses. Tu pleures des mêmes choses. Tu souffres des mêmes choses et tu fais souffrir les gens qui t'entourent avec les mêmes incompréhension.
Je parle chinois, ou libanais. Non même pas je parle la langue de Côme. Ma langue, juste à moi.
Oh oui c'est formidable il parait que je suis mature intelligente jolie et drôle... formidable.
En plus j'ai de la volontée. Mais par contre je ne comprends personne et personne ne me comprend.
Evidement c'est délicat.
Par contre ça va, Côme n'est pas trop fragile, elle ne fera rien de grave, elle est stable, sérieuse et raisonnée alors aucune inquiétude. Surtout, ne perdons pas notre temps.
Aujourd'hui j'ai dis à mes proches que j'allais mal.
Et bien on a parlé d'eux.
Parce qu'ils ne comprennent pas ma langue.
Alors je me dis "je suis folle ?"
Ca serait prétentieux de les prendre pour des cons. Je sais que ce n'est pas le cas. Alors c'est pire... peut être est-ce moi qui suis conne ou folle. Je suis Côme. Ca c'est sûr.
Pourquoi j'ai eu envie de vomir ? De sortir hurler aussi... j'y ai pensé... mais j'ai crié chez moi. Cachée.
Faut pas qu'on me voit comme ça. Faut pas.
Faut pas que les gens voient ils vont dire que je fais mon cinéma, ils vont dire que c'est drôle.
Ils vont aussi me dire "c'est ça pleure tu pisseras moins".
Tu vois Maman j'arrête pas de pleurer bah je pisse toujours autant.
Je me vide de larme, tous les jours, tous les soirs...
Je pleure même dans mes rêves maman. Je pense que je pleure même dans mes baskets et dans mes cheveux.
Je me sens tellement pleine de trucs malsains avortés et inconscient, ou du moins occultés.
Je brûle de les vomir, je voudrais me casser comme une tire lire cochon sur le sol.
paf. Tout sort. Plus rien.
C'est certainement pas des richesses qui s'échapperont... mes fantômes peut être..et moi même. Mon fantôme, ma vie.
Plus rien.
Je suis toute seule encore ce soir. Une des périodes ou j'ai le plus besoin des autres. Ces périodes ou c'est encore pire que d'habitude parce que même faire semblant on n'y arrive pas.
C'est période ou on est moche. Ou on est vide, quelque soit notre apparence y'a plus rien. Transparente pour tout le monde. Même pas une silhouette qu'on effleure.
Un néant d'un mètre cinquante huit. Alors bah moi j'imagine que je me tus  ou que je tus des gens. Juste pour qu'on voit le sang. Juste du rouge.
Ou alors j'imagine que je pars sans donner de nouvelles. Des trucs à la con dont on a tous imaginer l'histoire. Je rêve de mon enterrement, je me demande qui videra mon appartement. Je me dis que si c'est mon Papa il jettera sans trop regarder. Toutes les traces que j'ai laissé s'envoleront alors.
Pourtant je pense qu'il y a de quoi me connaître dans tout ces bouts de papiers. Ils sont rangés. Les dessins, les photos, les vidéos, les textes : tout est rangé. Par catégories, parfois par thème ou par date.
Mais je pense que ça restera une langue inconnue même après. Après moi.
Je pense que mes proches n'en apprendraient même pas plus en lisant ou en regardant les choses.
Mes proches me sont lointains. Et mon dernier proche en date, exceptée la famille, ce fut toi. Tu es mon cauchemar incarné. Tu es tout ce qui me fait peur. Tu es le froid, l'absence d'empathie, le muet, le vide en émotion. Tu es celui qui me fera prononcer ses phrases à elle, utiliser ses mots à elle et vivre un semblant de morceau de sa vie à elle. Tu es mon chemin vers elle. Mon enfer.
Pourquoi cette rencontre ? pourquoi un an et demi ?
qu'est ce qui fait que la vie t'aie posé sur ma route, comme ça ?
qu'est ce qui fait que je sois allée vers toi.
Tu sais j'ai pas pleurer autant depuis longtemps.
J'ai pas eu si mal à part pour ma mère.
tu comprends ça ? est ce que tu comprends que j'ai pas le droit de vivre ça ? j'ai pas le droit de pleurer quelqu'un comme toi alors qu'avant j'arrivais pas à pleurer ma mère.
J'ai pas le droit.
Tu le mérites pas. Tu m'as fait trop de mal. Sans le faire exprès mais tu n'as rien fait pour m'aider. Rien. T'es un con et c'est moi qui pleure.
Je suis une merde et tu sais je t'aime. Mais je ne serais jamais satisfaite puisque je ne comprends pas et on ne me comprend pas trop non plus alors je me dis que ça sera comme ça toute ma vie.
Peut être que moi non plus j'ai même pas changé, même pas évolué... peut être que tu as raison, je sais pas être heureuse.
Je vais aller prendre une douche. Je vais m'acheter des cigarettes, des Craven A. Et puis je vais me lire. Essayer moi même de me comprendre. Essayer d'oublier que je suis toute seule. Prier pour que demain arrive vite. Ou n'arrive pas.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité